Rabelais
Rabelais figure en très bonne place dans la collection de Martin Bodmer. Son œuvre est l’un des sommets de la Renaissance européenne, et les premières éditions de la fiction pantagruéline sont depuis longtemps recherchées par les bibliophiles.
Dans son Quart livre des faits et dits héroïques de Pantagruel (1552), Rabelais évoque les Suisses : « les Souisses peuple maintenant hardy et belliqueux, que sçavons nous si jadis estoient Saulcisses : je n’en voudrais pas mettre le doigt au feu »…
Irrévérence ! Mais, à la bonne heure ! La fameuse guerre des Andouilles n’a plus cours… et Rabelais se porte aujourd’hui fort bien en Suisse. En particulier à Genève — et ce, bien que dans le même Quart livre, le narrateur s’en soit pris à certains
« Matagotz » et « Cagots » comme les « Demoniacles Calvins imposteurs de Geneve »…
Les Genevois, magnanimes, ne lui en ont pas tenu rigueur. Preuve en est que Genève constitue aujourd’hui un haut lieu de la Rabelaisie. Deux collections mettent en effet Maître François à l’honneur : d’abord, celle de Martin Bodmer à Cologny ; plus récemment, celle de Jean Bonna, dont le catalogue consacré au XVIe siècle est paru grâce aux bons soins de Vérène de
Diesbach-Soultrait (on trouvera, en plus des volumes de la Bibliotheca Bodmeriana, la reproduction intégrale de deux exemplaires de cette collection sur le site du Bodmer Lab).
Rabelais figure en très bonne place dans la collection de Martin Bodmer. L’Homère bouffon avait tout pour séduire le collectionneur : son œuvre est l’un des sommets de la Renaissance européenne, et les premières éditions de la fiction pantagruéline sont depuis longtemps recherchées par les bibliophiles.
Bodmer a réuni plusieurs pièces remarquables. Il s’agit d’abord d’une dizaine d’éditions des livres rabelaisiens, en parutions séparées ou sous la forme d’Œuvres partielles ou complètes.
La plupart des exemplaires rassemblés sont des éditions qui furent imprimées du vivant de Rabelais, dont certaines en caractères gothiques (les plus rares).
À ces reliques issues de l’imprimerie des règnes de François Ier et Henri II, le collectionneur a ajouté un exemplaire de chacune des trois éditions publiées au XVIe siècle de l’importante adaptation allemande de Gargantua, due à Johann Fischart :
la Geschichtklitterung.
Enfin, il faut citer le vestige le plus exceptionnel de ces rabelæsiana : non pas un livre écrit par Rabelais, mais un volume qu’il a annoté de sa main. Il s’agit d’un recueil de textes grecs publiés à Paris au début du XVIe siècle, témoin de l’utilisation pionnière des premiers caractères grecs imprimés en France. Rabelais y a fait ses classes d’helléniste à l’époque où il apprenait la langue de Platon, autour de 1520.
Rabelais au travail, Rabelais lecteur et réécrivain, Rabelais traduit et lu par d’autres grands esprits européens : l’auteur de Pantagruel incarne en l’anticipant cette « Weltliteratur » que Martin Bodmer a placée au centre de son projet culturel.
Romain Menini
Université Paris-Est Marne-la-Vallée
Olivier Pédeflous
Institut de recherche et d’histoire des textes (CNRS)
« Frère François Rabelais, de Chinon »
La bibliothèque de Rabelais fut sans doute copieuse ; elle est aujourd’hui très réduite et dispersée. On dénombre moins de trente titres, éparpillés en Europe et aux États-Unis qui portent la signature de l’auteur de Pantagruel. Le volume que conserve la collection de Martin Bodmer contient la Sphère du Pseudo-Proclus, les Idylles de Théocrite, plusieurs Œuvres moralesde Plutarque et les Travaux et les jours d’Hésiode. Lire
Le Quart livre d'Anatole France
Voyage intrigant et troublant, le Quart livre figure en bonne place dans la Bibliotheca Bodmeriana. Martin Bodmer avait fait l’acquisition d’un précieux exemplaire de 1552 ayant appartenu à Anatole France, gloire du monde littéraire français avant 1914 et fervent amateur de Rabelais. Lire
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